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...Sache que tout connaît sa loi, son but, sa route ;

Que, de l’astre au ciron, l’immensité s’écoute ;

Que tout a conscience en la création ;

Et l’oreille pourrait avoir sa vision, 

Car les choses et l’être ont un grand dialogue.

Tout parle, l’air qui passe et l’alcyon qui vogue, 

Le brin d’herbe, la fleur, le germe, l’élément.

T’imaginais-tu donc l’univers autrement ?

(...)

Crois-tu que l’eau du fleuve et les arbres des bois, 

S’ils n’avaient rien à dire, élèveraient la voix ?

Prends-tu le vent des mers pour un joueur de flûte ?

Crois-tu que l’océan, qui se gonfle et qui lutte, 

Serait content d’ouvrir sa gueule jour et nuit

Pour souffler dans le vide une vapeur de bruit,

Et qu’il voudrait rugir, sous l’ouragan qui vole, 

Si son rugissement n’était une parole ?

(...)
 

Non, l’abîme est un prêtre et l’ombre est un poëte ;
Non, tout est une voix et tout est un parfum ;
Tout dit dans l’infini quelque chose à quelqu’un ;
Une pensée emplit le tumulte superbe.
Dieu n’a pas fait un bruit sans y mêler le verbe.
Tout, comme toi, gémit ou chante comme moi ;
Tout parle. Et maintenant, homme, sais-tu pourquoi
Tout parle ? Écoute bien. C’est que vents, ondes, flammes
Arbres, roseaux, rochers, tout vit !

                                                      Tout est plein d’âmes."

Victor Hugo, Les Contemplations, Ce que dit la bouche d'ombre

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